Autisme : l’approche psychanalytique mise hors jeu
La psychanalyse a perdu le combat. Dans leurs recommandations de bonne pratique sur la prise en charge des enfants et adolescents souffrant de troubles envahissants du développement (TED), publiées jeudi 8 mars (lire ici), la Haute Autorité de Santé (HAS) et l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) estiment impossible de conclure à "la pertinence" des interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle, qu'elles considèrent comme "non consensuelles".
Ce point avait fait ces dernières semaines l'objet d'une
intense agitation médiatique, après la publication par Libération, le 13
février, d'un article faisant état d'une version non définitive de ce rapport.
A un détail près, la position de la HAS est restée inchangée, augurant sans
doute une ère nouvelle dans la prise en charge de l'autisme.
CHANGEMENT DIPLOMATIQUE
Les recommandations de la HAS et de l'Anesm se déclinent autour d'un axe fort : "La mise en place précoce, par des professionnels formés, d'un projet personnalisé d'interventions adapté et réévalué régulièrement" pour les enfants souffrant de TED. Particulièrement préconisées "si elles sont débutées avant 4 ans et dans les trois mois suivant le diagnostic", ces interventions seront fondées "sur une approche éducative, comportementale et développementale, en respectant des conditions de mise en œuvre ayant fait preuve de leur efficacité: utilisation d'un mode commun de communication et d'interactions avec l'enfant, équipes formées et supervisées, taux d'encadrement d'un adulte pour un enfant, rythme hebdomadaire d'au moins 20-25 heures par semaine".
Pour la première fois en France dans le champ de la
pédopsychiatrie, un texte recommande officiellement le recours intensif aux
méthodes éducatives et comportementales, dont les résultats prometteurs ont été
actés de longue date dans plusieurs pays occidentaux.
Autre point essentiel : l'attention portée à la place et
à la singularité de la famille et de l'enfant dans l'accompagnement. Les
rapporteurs recommandent par ailleurs aux parents d'être "particulièrement
prudents vis-à-vis d'interventions présentées comme permettant de supprimer
complètement les manifestations des TED" : aucun traitement ne permet de
guérir l'autisme, ni d'en supprimer totalement les troubles.
Si l'approche éducative et comportementale (type ABA ou
Teacch), basée sur des apprentissages répétés, fait donc désormais partie des
"interventions recommandées", il n'en va pas de même pour les
approches psychanalytiques. "L'absence de données sur leur efficacité et
la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence
des interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la
psychothérapie institutionnelle", lit-on au chapitre des
"Interventions globales non consensuelles". Un changement
diplomatique mais minime au regard de la version de février, qui ajoutait à l'appréciation
"non consensuelles" celle de "non recommandées".
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